Noël en Alsace-souvenirs d'une enfance choyée

Publié le par Mary's Angeldream

Au risque de vous gaver avec mes souvenirs ,voici celui de mes Noël d'enfant
Noël…

 

Ah… Noël !
 Noël qui n’existe vraiment qu’au travers des étincelles dans les yeux des petits … Sans eux plus d’enchantement.

        J’ai soigneusement entretenu le mythe et l’attente dans le cœur de mes petits frères et plus tard dans celui de mes enfants.

 

Mais ce sens de la fête, la préparation, l’envie de donner du bonheur en se préparant, je ne l’ai jamais ressenti aussi fort que dans mon enfance.

 

        Un vrai Noël passe par la créativité et une débauche d’activités mystérieuses et secrètes. Mais peu nombreux sont ceux qui apprécient encore un cadeau « fait main » signe de nombreuses heures de travail et surtout d’espoir de tomber « juste » ; il est vrai que nous n’avions ni les possibilités ni les moyens , et souvent le cadeau « utile » prévalait sur le superflu…

 

        Très tôt j’ai compris que pour faire durer Noël mieux valait le préparer longtemps à l’avance  et dès la Toussaints je m’y employais avec ardeur. Des kilomètres de papier alu ont frisé les cheveux des anges en carton. Je cousais fébrilement, à la main, des porte- pyjamas teckels et des ensembles barboteuses pour les nounours des garçons.
J'étais une inconditionnelle du magazine "100 idées" (j'en ai même retrouvé sur le net...)

        Nous n’achetions et n’installions le sapin que le 24 au soir.

        Depuis le matin déjà ,une activité fébrile vibrait dans la maison. Maman s’affairait à la cuisine et papa filait à Ingersheim chercher grand-maman. Son arrivée en grande pompe nécessitait l’aide de tous afin de rentrer les nombreux sachets et tupps renfermant les restes pour le chien, les aspics et les bûches calées dans leur énorme cocotte magique !? achetée à grands frais à la foire de Strasbourg.

        Les bûches et d’ailleurs tous les gâteaux de grande maman étaient des monuments compliqués, des sculptures de beurre plus sophistiquées chaque année. 

Luviss  (c'est la transcription en alsacien de Louise )se rengorgeait du titre de championne du biscuit décerné tacitement tous les ans après les festivités des communions où toutes ces dames  avaient pu faire leurs preuves….Sur les notres s’ébattaient des nains et des biches de plastique. Donc la reine des biscuits étant arrivée ,elle s’enfermait avec maman à la cuisine alors que toute la maisonnée résonnait du « divin’ enfant » et des autres 33 tours  de Noël dont j’ai avec bonheur hérité.

 

        L’après midi nous avions enfin le droit de garnir le sapin et redécouvrir au fond des boîtes les décors fétiches des uns et des autres, un petit champignon de verre, une pomme de pin recouverte de paillettes et brûlée sur un côté, l’oiseau au plumage en fibre de verre, mes anges aux frisettes en alu écrasées, et la crèche.

C’est le père de mon père qui l’avait patiemment découpée dans du bois au décors chromos et papa avait rajouté des figurines plus modernes. Les moutons s’ébattaient dans une mousse de sibérie élastique et odorante.

        Le Jésus, c’était seulement après son passage car à l’époque le père Noël n’existait pas encore chez nous .

La nuit tombait et nous trompions notre impatience devant un programme télé digne de ce jour   .
Du bonheur, rien que des histoires de Noël et de petit renne au nez rouge  le tout présenté par une marionette nommée Télémekl qui dormait entre les livres d’une bibliothèque.

 

Nous mangions sans faim dans une atmosphère électrisée par l’attente et ,à la fin du repas chacun disparaissait dans sa chambre jusqu’à l’appel des parents. Des chuchotements et bruissements divers indiquaient une activité  fébrile et mystérieuse dans le couloir pendant que nous nous efforcions de ne pas nous disputer pour entrer en odeur de sainteté dans le « Noël »…          

Une petite clochette qui tinte ?

Nous écoutions en silence pour être bien sûrs et guettions l’appel des parents.

« Oh! venez voir… »   Nous courrions vers la porte en verre dépoli du salon qui scintillait et semblait vibrer sous la lueur vacillante des bougies et découvrions enfin la splendeur de notre sapin dans son habit de lumières. Le blond Jésus dormait dans son lit de paille et on lui chantait à deux voix notre répertoire parfois accompagné par la  flûte de Thierry, la clarina ou un truc comme ça de Dominique et moi au xylophone. Nos regards glissaient imperceptiblement vers les pieds du sapin où s’entassaient des paquets colorés et pour l’instant anonymes. Après un dernier « Stille Nacht » nous nous penchions avec ravissement vers les petites étiquettes pailletées collectées d’une année à l’autre tant elles étaient belles. Il ne fallait surtout pas arracher le papier car il serait ensuite récupéré, repassé et attendrait l’année prochaine enroulée sur l’armoire des parents.

Grand maman nous offrait toujours des tricots qu’elle réalisait sur sa machine et qui chaque année se compliquait de nouveau motifs ou d’audacieuses torsades. Elle nous offrait également des livres magnifiques qui ont encore fait la joie de mes enfants. Et bien sûr avec le secret espoir que l’un de nous y trouverait la vocation, 1 ou 2 BD d’histoires de saints. Ils doivent encore être au grenier : avis aux amateurs !

Avec le temps et l’âge nous avons nous aussi appris à faire des cadeaux et on peut toujours admirer le porte-lettre d’un de mes frères sur le bureau de Papy.On faisait de la qualité !

Nos parents trouvaient toujours les secrets désirs de nos cœurs aidés par les découpages et graffitis dans le catalogue "Majolie" et nous étions comblés .

Puis on enfilait tous nos nouveaux pulls et on allait à la messe à Neuneu ' Neuf-Brisach ).Le sapin de la ville dépassait les toits et les remparts de la ville et on pouvait le voir de loin. 
On finissait la soirée en chantant un grelottant « douce nuit » et on rentrait pour un dernier encas d’aspics et de bûche. C’était l’heure des mandarines  et des oranges dont on pressait l’écorce pour faire grésiller la bougie et embaumer la maison. Puis on allait au lit le pull tous neuf couvert de fines peaux des cacahuètes, un peu nauséeux de toute cette abondance, … avec dans les yeux des étoiles …de Noël !
l

 

 

Publié dans Nos aventures

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M
quel beau récit !
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B
Ah les Noëls de votre famille... Vous avez vraiment eu tous les quatre une très belle enfance. Alors merci qui ? Merci Papy-Mamy ! Et merci à toi pour cette nouvelle tranche de vie !
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M
Elle est trés jolie ton histoire, que de baux noël tu as du vivre!!! Bisous.Marie-Pierre
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M
tes constellations d'étoiles sur ton blog sont ravissantes (ta petite fille encore plus)
L
Non tu ne nous barbes pas avec tes souvenirs car comme tu l'écris Noel c'est avant tout une fête de s enfants transmise par les parents) et qui se doit toujours d'être aussi belle qu'avant !J'ai reconnu l'oiseau avec sa queue en fibre de verre...((j'ai presque le même âge que toi)je comprends aussi d'où vient ta créativité et aussi le plaisir qui l'accompagne car créer c'est donner!Merci pour ton récit de  "Noel"qui sonne juste!Tu sais moi j'ai eu un trés joli cadeau de Noel en 1982...C'est mon garçon,Miguel et il rajoute une sacrée dimension à cette fête familiale !Jolie journée à toi !
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M
je crois que mes parents ont toujours l'oiseau et moi j'ai hérité du champignon ...<br /> Au fait ,mon fils à moi est né en 84 .Tu vois nous avons beaucoup de choses en commun
C
J'ai quelques années de moins que toi, mais en te lisant j'ai l'impression d'y être, ma grand mère habitait Neuneu et était aussi la reine des bûches et biscuit. Habitant maintenant à Wolfgantzen, je peux te dire que rien a changé, le sapin dépasse toujours des toits et des remparts. Bonne soirée
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M
Je connais ce patelin pour y avoir vécu qq mois au début de mon indépendance .On allait à la Kilbe avec les copains et je crois que Richard Z y habite encore...Je suis contente d'avoir des message de mon pays de naissance